Comment parler aux développeurs ?

Publié le par Tapanoa

Voici une partie de l'article publié par Capitaine Commerce lui-même alias Olivier Sauvage. (En plus de super-héros à collants verts, il propose, en tant que consultant indépendant, des services de merchandising et d'optimisation de sites pour le ecommerce. Pour en savoir plus, lisez son blog www.oliviersauvage.com)

Ne sous-estimez pas les développeurs.
Un bien bel article de Ecommerce-pratique.info m’a fait à nouveau réfléchir à ce difficile lien qu’entretiennent souvent les ecommerçants avec leur prestataire technique.
Le développeur a toujours bon dos
Je ne sais pas vous, mais, moi, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il était content de l’équipe technique qui s’occupait de son site. Entre commanditaires et développeurs, ce ne sont que haines sourdes et désirs de violence réprimés.

« Ils sont nuls ! Ils ne comprennent rien ! Ils sont toujours en retard ! Quand ils répondent à un mail, si ils y répondent, même Google Translate est incapable de les déchiffrer! Ils ont modifié les maquettes que je leur avais fournies !!!! »

Oui, le développeur, mesdames et messieurs, est le bouc émissaire de tous les projets ecommerce. Si ça ne marche pas, c’est toujours de sa faute, à cet abruti, qui ne comprend rien au métier du commerce et ne semble bon qu’à s’éclater en pissant du code, ce dont tout le monde se fout !

Certes, les développeurs souffrent d’un défaut de communication congénital, ils parlent un langage incompréhensible, sont sales et s’habillent à la mode de la planète Ringard 72 et, habitude insupportable, font des blagues en regardant du code JSP ou PHP. De toute évidence, ce sont des êtres affligés de tares génétiques graves incurables, mais il n’empêche qu’ils détiennent un super-pouvoir qui dépasse l’imagination : ce sont les seuls à pouvoir comprendre quelque chose au b…el qu’ils ont eux mêmes créé et qui s’appelle un programme et que vous connaissez, vous, sous la forme de votre site de ecommerce (et qui accessoirement vous fait vivre).
Comprendre le métier de développeur
Alors… la question qui me brûle les lèvres et qui je suis sûr brûle aussi les votres en vous picotant le bout de la langue sournoisement, c’est : « Oui, mais, comment parler aux développeurs ? »
  • 1. Comprenez bien d’abord une chose : le développeur est convaincu par lui même que quelque soit le truc qu’on lui donnera à faire, il le développera à la vitesse de la lumière et en inventant, en plus, dans le même temps, un algorithme parfaitement original sur lequel ses copains geeks s’ébahiront en tremblant de tous leurs membres terrassés par une sorte de joie indicible proche de la transe. Autrement dit :
    • a) quand le développeur n’a pas envie de bosser, il vous dira que ce que vous lui demandez est impossible
    • b)quand il a envie de bosser, il vous fera croire qu’il est capable de vous fabriquer une navette spatiale en 3 lignes de code, alors que, bien sûr, c’est parfaitement faux. Et s’il vous annonce un délai, ajoutez 15 jours et multipliez le tout par 2 et vous aurez le véritable délai.
  •  2. Contrairement à ce que le développeur dit, son métier n’est pas simple. Premièrement, le développeur lambda aura toujours tendance à sous-estimer sa tâche parce qu’il ne voit que la partie qui lui fait plaisir : la création d’un algoritme sympa. En général, son esprit efface, comme par magie, la phase de recette, parce qu’il estime que ça ne fait pas partie de son boulot de génial créateur d’algorithmes. Deuxièmement, parce que souvent, le client ou le commanditaire a une fâcheuse tendance à ne pas lui donner tous les paramètres du problèmes (soit par ignorance, soit pas sadisme, le plus souvent, par une mauvaise étude de cas). Quoiqu’il en soit, arrêtez de croire que le développement est un travail logique et ordonné, ce n’est pas vrai. Ayez donc un peu de respect pour des gens qui acceptent de passer des heures devant un écran en essayant de comprendre pourquoi une variable typée forte ne passe pas dans une p… d’instance de classe surchargée.
  • 3. Le développement web a ceci de spécifique qu’il réclame des cycle de développement extrêmement courts. D’abord, à cause d’un historique stupide de l’histoire du web (il y a 10, on ne faisait quasiment que des pages en HTML et javascript), tout le monde a pris l’habitude de croire qu’on pouvait changer n’importe quelle fonction d’un site en moins de 5mn et qu’il suffisait de décrocher son téléphone pour le demander gentiment au développeur pour qu’il vous le fasse dans l’instant suivant. Ensuite, oui, c’est vrai, la concurrence est telle, et les évolutions technologiques, tellement rapide, que le web réclame de la réactivité, de la spontanéité et des solides process qualité et organisationnels pour pouvoir suivre le rythme, ce dont je crois peu d’équipes webs capables.
Tout ça est surtout une question d’organisation
Alors pour en revenir au sujet qui nous intéresse, « Comment parler aux développeurs ? », la question est surtout : comment organiser un bon processus de production et d’évolution d’un site dans lequel l’équipe technique ne sera pas qu’une bande de geek à l’autre bout du fil ou à l’étage en dessous dans les locaux, mais bien de joyeux informaticiens plein de motivation et totalement intégrés avec les équipes marketing, de l’offre, de la communication, etc… (ne croyez pas que ceci ne vous concerne pas si vous êtes un « petit » ecommerçant, je pense, au contraire, que tout le monde a rencontré ces difficultés à partir du moment où la solution technique sur laquelle repose le site n’est pas une solution locative type Powerboutique, 42stores ou Oxatis, etc…..). Quelque soit l’échelle de votre société, le problème est le même.

L’important en ecommerce est réellement d’intégrer le staff technique à la stratégie commerciale de votre entreprise. Comme je viens de le dire, ce staff ne doit pas être en bout de chaîne et exécuter des ordres, mais, au contraire, il doit pouvoir participer et être force de proposition à la manière dont on vend les choses. Vos développeurs ne doivent pas qu’être fort en code, ils doivent savoir (un peu) parler marketing, design, ergonomie, etc… Cela ne s’apprend pas forcément sur les bancs de l’école, mais peut-être fait en mettant en oeuvre des processus de production (types agiles) qui permettent à tout un chacun de comprendre et de suivre les évolutions d’un système d’entreprise tout en ayant l’impression d’y apporter sa propre pierre.

Tout cela peut peut-être paraître vague et le sujet mériterait d’être traité bien plus longuement, mais je pense qu’il y a quelques règles minimales à respecter pour être en phase avec l’équipe technique et obtenir d’elle son meilleur rendement :
  • 1. Voyez-la souvent, faites des points récurrents (au moins une fois par semaine) et NE parlez PAS que des problèmes qu’elle n’arrive pas à résoudre.
  • 2. Soumettez-lui des demandes simples et facile à résoudre plutôt que de vous lancer dans des idées de développements complexes et longues. Il vaut mieux avancer par petit pas, plutôt que de se lancer dans du projet à long terme
  • 3. Cultivez-vous. « Si tu vas au développeur, le développeur ira à toi » a dit un jour un type dont j’ai oublié le nom. Pour parler de développement, vous devez vous aussi avoir de réelles notions de technique : c’est quoi le HTML ? C’est quoi des classes d’objets ? C’est quoi le langage SQL ? Le javascript est-il exécuté côté serveur ou côté client ? Le serveur Apache est-il un indigène d’Amérique du Nord très dévoué ? Qui a gagné la Guerre des Etoiles ? Toutes ces connaissances vous rendront capable de décoder le langage des développeurs, et, deuxième effet kiss cool, pourront vous permettre de placer une remarque bien sentie sur le core de Windows au cas où vous croiseriez Bill Gates à un gala de charité.
  • 4. Ne vous énervez pas ! La violence n’a jamais rien résolu et de toute façon, si vous engueulez un développeur, il se roulera en boule en marmonnant et ne vous écoutera plus pendant des mois tout en vous spammant avec des pubs pour le Viagra (sauf si vous lui promettez de visiter la semaine prochaine les locaux du Googleplex, mais bon, il faut assurer quand on promet ça)
Bon, allez, je sais, tout ça, ce n’est que de la parlotte. Il est encore loin le temps où les développeurs vivront en harmonie avec le reste du monde, mais un peu d’espoir, ça fait vivre, non ?

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